Lettre à l'ONU

 

 LETTRE A L'ONU

Est venu « le moment où des hommes pris dans un conflit, au lieu de le vider par la force, s’en remettent à la parole ; quand la parole établie au milieu des hommes devient moyen de la paix et de l’ordre »[1].  Michel Villey

 

[1] Villey Michel, Philosophie du droit, cité par Francis Pallenti, Pascal Paoli, la leçon d’un citoyen du ciel, p. 70, Editions Albiana, Ajaccio, juin 2004.

[1] Special Committee on the Implementation of the Declaration on Decolonisation


Nous soussignés, représentants élus de l’institution A Cunsulta Naziunale di A Corsica à messieurs les responsables et membres du Comité spécial chargé de l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux[1] de l’Organisation des Nations Unies :

considérant la Charte des Nations unies signée le 26 juin 1945 et ratifiée le 24 octobre de la même année,

considérant la résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960, dite « Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux » qui réaffirment toutes deux les droits fondamentaux de l’homme, l’égalité de droits pour les hommes et les femmes mais aussi pour les nations grandes et petites et s’appuient sur les principes de l’égalité de droits et de la libre détermination de tous les peuples qui sont fondés à obtenir le droit inaliénable à la pleine liberté, à l'exercice de leur souveraineté et à l'intégrité de leur territoire national,

considérant la déclaration de principe du droit à la liberté de tous les peuples dépendants, le rôle important de l'Organisation des Nations Unies comme moyen d'aider le mouvement vers l'indépendance dans les territoires sous tutelle et les territoires non autonomes et prenant en compte la déclaration de l’ONU du 13 septembre 2007 sur les droits des peuples autochtones,

considérant la spécificité de la culture corse tout au long de l’histoire de l’île, caractérisée notamment par les valeurs premières que sont la Liberté, le bien commun, la maîtrise communautaire de l’espace foncier et les pratiques démocratiques immémoriales ancrées au cœur de l’ensemble des communautés villageoises,

considérant que la Corse a pendant un temps acquis sa souveraineté malgré la présence d’une administration et de forces militaires étrangères, qu’elle s’était dotée d’une Constitution bien avant les États modernes, que la Corse répondait alors aux critères fondamentaux nécessaires à sa reconnaissance juridique : un territoire, une population et un pouvoir politique organisé,

considérant que cette souveraineté lui a été confisquée unilatéralement suite à la mise en œuvre de traités diplomatiques bilatéraux élaborées par des puissances étrangères et hors la présence et l’approbation des responsables élus du peuple de Corse,

considérant que cette souveraineté a de plus été réduite par la force des armes au cours des années 1768 et 1769

considérant que la France a intégré unilatéralement  la Corse à son Empire par décret du 30 novembre 1789 et refuse aujourd’hui de reconnaître pleinement les droits du peuple corse,

considérant que malgré les critères objectifs répondant aux exigences du chapitre XI de la Charte (art. 73e) dont devrait bénéficier la Corse en matière d’appartenance à la catégorie des territoires non autonomes et l’action positive du Comité spécial chargé de l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux en Nouvelle Calédonie, aboutissant notamment à la décision de “statut autonome” en 1986, au référendum de 1998 ainsi qu’au processus similaire engagé en Polynésie dite française,

nous vous demandons, respectueusement de bien vouloir informer les états membres du Comité spécial chargé de l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux de notre démarche,

étudier la situation faite à la Corse,

nous informer des possibilités d’aide à la constitution d’un dossier à remettre à votre organisation

d’envisager enfin la réception d’une délégation susceptible d’argumenter plus avant notre point de vue.

Nous vous remercions par avance de l’attention que vous porterez à cette sollicitation et demeurons à votre entière disposition pour tout renseignement complémentaire que vous souhaiteriez obtenir.